Notre Combat...
Notre premier combat, ce n’est donc pas seulement un combat pour la survie, c’est aussi et surtout un combat pour permettre à nos concitoyens de disposer, en quantité et en qualité d’une huile de cuisine bonne pour la santé humaine.
C’est au nom de cette conception de sa mission que l’AIFO-UEMOA-CEDEAO a été amenée à entreprendre, dès fin 2003, une véritable croisade contre ces presses artisanales du Burkina et du Mali qui, à partir de 2003, se sont mises à écraser les graines de coton, pour en extraire une huile noirâtre, une huile n’ayant subi aucune neutralisation ni aucun raffinage, une huile qu’elles vendent sous forme de mélange avec les huiles des vraies unités industrielles, dans les emballages desdites unités, ce qui, à terme, pourrait jeter le discrédit sur les productions de celles-ci. Cette huile contient également du gossypol, un élément toxique et nocif pour l’organisme de l’homme, avec des effets négatifs sur les organes génitaux, conduisant à la stérilité masculine, bref, une huile totalement impropre à la consommation humaine.
Notre combat a été mal interprété dans de nombreux milieux. Beaucoup de ces promoteurs de presses artisanales étaient en effet des victimes des dégraissages de personnels de la Fonction Publique et des Sociétés d’Etat, dégraissages opérés dans le cadre des Programmes d’Ajustement Structurel (PAS), sur ordre de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International. Ces ex-salariés, bénéficiaires de mesures d’accompagnement, ont investi les ressources financières qui leur ont été allouées dans l’achat de ces presses artisanales. Alors les Industriels de l’AIFO-UEMOA-CEDEAO ont été traités de jaloux et d’égoïstes, ayant une peur bleue de la concurrence de ces petits producteurs. Mais l’AIFO-UEMOA-CEDEAO a tenu bon et a poursuivi le combat. Et depuis quelques années, des mesures d’assainissement ont été initiées par les Gouvernements du Burkina Faso et du Mali.
La deuxième dimension de son combat pour une alimentation saine pour les populations ouest-africaines, l’AIFO-UEMOA-CEDEAO l’a embrassée en 2004, lorsque, à l’unanimité de ses membres rassemblés en Assemblée Générale à Lomé, elle s’est laissée convaincre par le vibrant plaidoyer du Vice-Président de HKI. Celui-ci leur a démontré, chiffres à l’appui, l’intérêt pour les populations ouest-africaine de l’enrichissement de l’huile comestible en vitamine A, et ce que devrait être la contribution des sociétés membres dans sa mise en œuvre.
Convaincue de cette nécessité, elle a décidé d’entreprendre une démarche en direction des décideurs politiques que sont la Commission de l’UEMOA et les Gouvernements de nos pays afin de faire adopter l’enrichissement en vitamine A de l’huile comme pratique standard au sein de l’UEMOA et de la CEDEAO, et de mener une campagne de sensibilisation auprès de nos populations pour les amener à ne consommer que des huiles enrichies.
Et sans attendre l’engagement de ces décideurs politiques à leurs côtés, les Industriels de l’AIFO-UEMOA-CEDEAO ont commencé à prendre les dispositions nécessaires avec l’aide de partenaires étrangers, dont en particulier Helen Keller International (HKI), pour être en mesure d’enrichir en vitamine A toute leur production d’huile. HUICOMA du Mali fut la première à lancer son huile végétale enrichie à la vitamine A. C’était le 16 Novembre 2006. Elle sera suivie par SANIA Cie (ex-COSMIVOIRE) et UNILEVER de la Côte d’Ivoire, le 27 Février 2008, par SN CITEC et JOSSIRA Industries du Burkina Faso, le 29 Mai 2008, par FLUDOR BENIN, SHB et IBCG du Bénin, le 03 Décembre 2009, et par NIOTO du Togo, le 04 Décembre 2009.
Auréolée de ses nombreuses années d’expériences engrangées dans le domaine de la fortification des huiles alimentaires, l’AIFO-UEMOA-CEDEAO se permet, aujourd’hui, de faire comprendre qu’une approche multisectorielle s’impose pour toute intervention dans le domaine de la nutrition. Se lancer, par exemple, dans une politique d’enrichissement en vitamine A des huiles végétales comestibles sans se préoccuper du problème de l’approvisionnement des huileries en matières premières, et sans un minimum de protection du marché de l’espace communautaire contre les huiles impropres à la consommation humaine et contre la concurrence déloyale des huiles frauduleusement importées, serait condamner cette opération, pourtant hautement bénéfique pour les populations, à un échec certain. Des dispositions doivent, en outre, être prises pour s’assurer qu’aucune des décisions prises par l’Etat, quels qu’en soient le bien fondé et la pertinence, n’aura ni conséquence ni arrière-effet néfaste sur le programme nutritionnel.