L’AIFO-UEMOA-CEDEAO s’est donné plusieurs missions essentielles...
L’AIFO-UEMOA-CEDEAO s’est donnée pour mission essentielle, de :
- Développer et entretenir la coopération et la coordination techniques et économiques entre les sociétés industrielles des pays de l’UEMOA et de la CEDEAO en matière de politiques, programmes, projets, équipements dans le secteur des oléagineux, et favoriser la production des produits oléagineux au sein de l'UEMOA et de la CEDEAO ;
- Étudier et résoudre en commun les problèmes relatifs à la production, la transformation, la commercialisation, l’exportation des produits oléagineux résultant de leurs activités.
Depuis le 04 juillet 2000, d’importants investissements ont été réalisés par les Sociétés membres. A l’époque, les capacités installées de leurs trente-quatre (34) unités industrielles étaient, pour la sous-filière palmier à huile, de 1 700 000 tonnes/an de régimes de palme et de 500 000 tonnes/an de raffinage d’huile de palme brute ; pour la sous-filière graines de coton, de 975 000 tonnes/an de graines de coton, et pour la sous-filière arachide, de 700 000 tonnes/an de graines d’arachides. L’ensemble des membres de l’AIFO-UEMOA-CEDEAO avaient un chiffre d’affaires de plus de 500 milliards de francs CFA par an, employaient 20 000 travailleurs dont la masse salariale annuelle dépassait les 48 milliards de francs CFA, généraient plusieurs milliers d’emplois indirects, et contribuaient, à hauteur d’une centaine de milliards de francs CFA, à la formation du PIB des pays où elles opéraient.
La création, par les membres de l’AIFO-UEMOA-CEDEAO, de cet important tissu industriel devait donc contribuer à relever un certain nombre de défis :
- Transformer et valoriser les productions agricoles de nos pays ;
- Satisfaire les besoins de nos populations en produits de qualité et garantir ainsi leur santé et leur autosuffisance en produits oléagineux ;
- Participer à la réduction de la pauvreté par la création de nombreux emplois ;
- Générer des surplus exportables et contribuer ainsi à l’amélioration de la balance des paiements de nos pays.
Les objectifs ainsi fixés ont-ils été atteints ? Malheureusement non, du fait des difficultés d’approvisionnement en matières premières, en graines de coton notamment, et du fait de la concurrence déloyale des pays du Sud-est asiatique.
En ce qui concerne la graine de coton, il faut noter en effet que, alors que les Sociétés membres de l’AIFO-UEMOA-CEDEAO disposaient d’une capacité installée totale de trituration de graines de 975 000 tonnes/an, les graines de coton sorties des usines d’égrenage, chaque année, n’avaient jamais été suffisamment disponibles pour saturer leurs capacités de production. Et de ces tonnages déjà très insuffisants, 7 à 10% devaient être prélevés pour couvrir les besoins en semences, de sorte que les quantités réellement disponibles représentaient à peine 50% des besoins des triturateurs. Or il se trouvait que dans certains pays, les égreneurs s’entêtaient à approvisionner en graines les presses artisanales et les mini-huileries, pourtant reconnues inaptes à produire de l’huile propre à la consommation humaine, tandis que dans d’autres pays, ils n’hésitaient pas à exporter une partie de la graine vers l’Europe. Résultat, nos Industriels étaient à court de matières premières, chaque année, au bout de seulement quelques mois de travail, et c’était le chômage technique qui s’imposait. Impossible d’être compétitif dans ces conditions.
Aujourd’hui, ces mêmes contraintes demeurent, en dépit des initiatives de dialogue initiées par l’AIFO-UEMOA-CEDEAO, avec les autres acteurs de la filière, responsables de ces dérèglements.
Pour ce qui est de la concurrence déloyale, nous la subissons toujours de la part des presses artisanales qui produisent des huiles hors normes, non comestibles du fait de leur acidité et du gossypol qu’elles contiennent. Outre les dangers qu’elles constituent pour la santé des populations, elles ne génèrent aucune ressource pour les Etats, soustraient des graines aux industries, se livrent à de la contrefaçon, en utilisant les emballages des Sociétés membres de l’AIFO-UEMOA-CEDEAO pour le conditionnement de leurs produits, et à de la concurrence déloyale par les bas prix qu’ils pratiquent.
Avec les huiles asiatiques importées, le préjudice subi par nos Industriels est énorme, d’abord parce que les quantités importées sont très élevées, se chiffrant à plusieurs centaines de milliers de tonnes par an, ensuite à cause du paiement très partiel des droits de douanes, résultat de leur tricherie sur la quantité, la valeur et le prix à l’origine, enfin, à cause du non-paiement des taxes, de la TVA en particulier, du non-respect des normes de qualité (pas d’enrichissement en vitamine A par exemple), et de leur qualité inférieure à celle des huiles produites par les Sociétés industrielles de l’Union, membres de l’AIFO-UEMOA-CEDEAO.
L’AIFO-UEMOA-CEDEAO s’est toujours insurgée contre ces diverses formes de concurrence déloyale, qui constituent de graves menaces pour la compétitivité et l’avenir des filières industrielles formelles de l’UEMOA et de la CEDEAO, pourtant les seules structurantes, les seules pouvant permettre de réduire la dépendance de nos pays, et d’améliorer leur sécurité et leur autosuffisance sur le plan alimentaire.
Voilà ainsi présentés, les problèmes auxquels les membres de notre Organisation sont confrontés, au quotidien, et dont les solutions, du point de vue de l’AIFO-UEMOA-CEDEAO, passent par les mesures à prendre d’urgence par les Etats ainsi que les autorités sous-régionales. Ces mesures consistent à :
- Relancer la production agricole, celle des plantes oléagineuses en particulier, la diversifier, et mobiliser les moyens de financement nécessaires à cette relance ;
- Rendre obligatoire et prioritaire l’approvisionnement en matières premières des industries locales avant toute exportation ;
- Exonérer de la TVA la graine de coton ;
- Ramener à un niveau compris entre 5 et 10% le taux de la TVA sur les huiles raffinées produites et commercialisées à l’intérieur de l’Union, dans le respect des règles administratives, fiscales et qualitatives. Pour ce faire, remplacer l’actuelle Directive par un Règlement. On ne doit pas oublier en effet que l’huile est un produit alimentaire de base et de grande consommation pour nos populations pauvres ;
- Faire respecter les valeurs de dédouanement du TEC, notamment la Valeur de référence dont l’application est erronée car considérée comme la valeur maximale à prendre en compte pour le dédouanement des produits importés des pays tiers (hors UEMOA) alors qu’il s’agit de la valeur minimale ;
- Soutenir le lobbying dans les négociations en cours pour permettre l’augmentation du TEC UEMOA/CEDEAO de l’huile de palme brute de 10 à 20%. Une position commune UEMOA/CEDEAO a déjà été trouvée pour l’oléine de palme (augmentation de 20 à 35%). L’objectif de ces deux mesures est de protéger, d’encourager et de permettre le développement des productions d’origine UEMOA/CEDEAO, en rendant moins compétitives, grâce à une plus forte taxation, les importations en provenance de pays tiers (Asie principalement) ;
- Revoir les dispositions relatives aux règles d’origine afin d’éviter que des matières premières importées (l’huile de palme brute par exemple) ne puissent l’être pour transformation dans des usines locales, sans payer les taxes idoines, du fait du contournement, d’une interprétation erronée, d’une application laxiste des règles actuelles. Il faudrait faire en sorte qu’une huile brute importée d’un pays tiers ne puisse être considérée comme un produit du cru. Dans le cas contraire, les huiles brutes seront importées massivement, contournant ainsi la hausse du TEC sur l’oléine (20 à 35%) et empêcheront ainsi définitivement les filières de production locale de se développer, provoquant ainsi leur disparition ;
- Lutter contre les barrières non tarifaires. Illustration : l’importation de l’huile raffinée ouest-africaine est interdite au Nigéria, ce qui constitue un non-respect des accords de libre échange et de libre circulation des produits entre les pays de l’espace communautaire ;
- Promulguer les normes qualité UEMOA des huiles alimentaires ;
- Rendre obligatoire la fortification de toutes les huiles alimentaires commercialisées dans l’espace UEMOA et exempter de taxes à l’importation les équipements et prémix destinés à l’enrichissement ;
- Rétablir le contrôle des importations aux frontières des Etats, y compris sur la qualité. La Commission n’a-t-elle pas l’autorité et les moyens d’effectuer des contrôles pour vérifier le respect des dispositions communautaires par les Etats membres, avec sanctions en cas d’infractions ?
- Inciter les Etats membres à refuser de signer, en l’état, les Accords de Partenariat Economique (APE) avec l’Union Européenne, car les écarts de compétitivité sont excessifs aux détriments des entreprises et produits de l’Union ;
- Mettre en œuvre sans délai, celles des recommandations de l’Atelier de validation des études BOAD sur les filières oléagineuses, jugées réalisables par la Commission de l’UEMOA.